jeudi 5 juin 2008

Nuisance publique, épisode 1: l'agriculture

Dans ce premier épisode, nous alors essayer de comprendre l'impact des politiques agricoles de nos gouvernements sur notre économie et le reste du monde. L'idée m'est venue du cahier spécial de La Presse du 5 juin qui traçait un portrait assez détaillé de notre industrie agricole. On pouvait voir toutes sortes de politiques visant à protéger les producteurs. Ce type de protectionnisme n'est pas le propre du Canada. Il existe à différents niveaux dans tous les pays industrialisés. Pendant que ces mêmes pays adhèrent au mouvement de libéralisation des échanges pour ce qui est des autres produits, ils semblent tous resserrer l'étau pour les produits agricoles. Pourquoi? Je ne crois pas pouvoir répondre à cette question en quelques lignes. Ce n'est certainement pas pour le bien-être collectif. La théorie est claire à ce sujet. Ce sont plutôt des enjeux politiques.

J'ai été accroché par une citation du ministre de l'agriculture Barnier. Voici son raisonnement:

Un produit est frais lorsqu'il est produit ici et les québécois veulent des produits frais. Il faut donc agir pour réduire les importations et privilégier la production locale.

Je ne sais pas pour vous mais moi j'aime pas qu'on décide à ma place ce que je veux consommer. Dans une économie de marché, le désire des consommateurs est satisfait sans interventions extérieures. S'il est vrai qu'on préfère les produits québécois, la demande va augmenter. Ce comportement va faire augmenter les prix des produits et par le fait même la rentabilité de nos producteurs. Si on a besoin d'intervenir, c'est que le ministre se trompe. Encore des enjeux politiques!

Pour illustrer la situation de notre industrie voici par exemple comment fonctionne notre industrie laitière. Les producteurs sont soumis à un quota de lait. Si les deux seuls clients des producteurs en veulent plus, ils doivent s'en passer et s'il y a trop de lait, il est jeté aux ordures. Le prix n'est pas là pour égaliser l'offre et la demande car en plus du quota, il y a une fixation du prix. Cette politique maintient le prix du lait élevé et garantit aux producteurs un revenu acceptable.... après quelques sudventions. Les consommateurs paient des taxes et en plus un prix élevé sur les produits laitiers pour supporter une industrie qui est loin d'être la plus créatrice d'emplois. Et la cerise sur le sundae, on doit augmenter les transferts aux familles pauvres pour qu'ils puissent nourrir leurs enfants convenablement. Une autre cerise, le gouvernement doit investir en recherche car les producteurs n'ont pas d'incitatifs à le faire aux mêmes. Pourquoi être compétitif quand on a un tel support de l'état!

Ce n'est pas tout. Le prix du lait élevé augmente le coût de production des produits transformés, comme le fromage, réduisant ainsi notre compétitivité. Il faut donc imposer des tarifs douaniers pour ces produits venant de l'extérieur. En plus des coûts économiques reliés aux contraintes imposées au marché, la gestion de ces interventions est excessivement coûteuse. La main invisible, elle, ne demande rien et est plus efficace.

Pourquoi devrions-nous aider nos agriculteurs davantage que nos mécaniciens, nos menuisiers ou nos couturiers? S'il est préférable de laisser les autres cultiver à notre place, pourquoi s'entêter à le faire nous-même? La protection excessive de notre industrie est en partie responsable des problèmes de développement des pays pauvres et donc de la mort de milliers d'individus. Si au moins c'était bénéfique pour nous. C'est une politique qui ne fait que des perdants. On va réduire la pauvreté de façon significative que si on élimine les contraintes au commerce pour tous les biens sans exception, mais surtout ceux produits dans les pays en développement. Une troisième cerise? D'un côté, on nuit à leur commerce et de l'autre on leur verse de l'aide financière. On est vraiment comme un chien qui court après sa queue.

Ce problème est mondial et non seulement canadien. Encore les foutus enjeux politiques!

1 commentaire:

Rogersoda a dit…

Bien bon cet article.
Je me demandais si quelqu'un avait déjà calculé, de manière précise, toutes les répercussions d'un tel régime de quotas laitiers au Canada?