dimanche 15 juin 2008

Cartel de l'essence

Enfin une attaque contre les méchantes pétrolières. Il faut dire que c'est agréable de pouvoir taper sur la tête de quelqu'un pour nous défouler de cette hausse rapide du prix de l'essence qui nous fait tant rager. Depuis le temps qu'on en parle, voilà que des commerçants sont accusés de fixation des prix de l'essence dans certaines régions du Québec (voir un article parmi tant d'autres). Cette pratique est à proscrire car elle réduit la concurrence et par le fait même l'efficacité économique. La théorie économie est claire à ce sujet. Je suis donc heureux de voir que le gouvernement surveille et condamne les coupables de tels actes. Par contre, ne tapez pas top fort. La forte hausse de la dernière année, ici et partout ailleurs dans le monde, n'a pas été causée par ce petit groupe. Victoriaville a beau avoir inventé la poutine, ça ne la rend pas apte à contrôler les prix mondiaux.

Parmi tous les reportages qui ont couvert cet événement, je préfère celui de l'auteur de l'enquête, le bureau de la concurrence, qui nous trace par la même occasion un portrait détaillé de l'industrie de l'essence. Comme il est dit, cette industrie est particulière: il y a beaucoup de joueur, ils affichent tous leurs prix et en plus, ils offrent tous un produit homogène. Autrement dit, de l'essence c'est de l'essence. Il en résulte que de façon naturelle, sans que les commerçants se consultent, les prix se suivent. C'est surtout à cause de ce phénomène que beaucoup pensent qu'il y a collusion. Au contraire, c'est le signe d'une forte concurrence. Les prix montent durant la période estivale parce que la demande est plus forte. Et contrairement à ce qui se passerait en présence d'un cartel, ils redescendent en hiver.

Le cas qui nous intéresse est particulier. Il s'agit d'un regroupement de quelques commerçants isolés de la compétition. Il peuvent donc facilement s'entendre sur une politique de prix. En général ce type d'ententes ne dure pas. La raison est simple. Si par exemple, ils décident de tous hausser leurs prix de 3 cents, ils gardent leur part de marché respective et augmentent leurs profits. Mais imaginez la tentation que peut avoir chaque commerçant de réduire ses prix d'un cent pour attirer la clientèle de leurs concurrents. Aussitôt que ça se produit, il y a perte de confiance, ce qui met fin au cartel. Dans une petite région où tout le monde se connaît, il peut être coûteux pour un commerçant de briser l'entente. Mais dans une grande ville c'est autre chose. C'est peu probable que des cartels comme ça existe.

Il faut remarquer pour terminer que le gouvernement est très mal placé pour accuser les entreprises de collusion et de tout autre comportement anticoncurrentiel. Regardez l'industrie laitière, par exemple (voir mon article). Le gouvernement par ses politiques de protection des agriculteurs, est responsable d'une fixation du prix du lait qui a contribué à faire en sorte qu'on est la région de l'Amérique du Nord dans laquelle le prix du lait est le plus élevé. Qu'est-ce qui est mieux? Payer un ou deux cents de litre de plus pour de l'essence ou payer plus cher notre lait? Demandez à une mère monoparentale avec plusieurs enfants ce qu'elle en pense.

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