lundi 23 juin 2008

Le vrai visage de la politique (publié dans La Presse du 10 juillet 2008)

Lorsque je présente la théorie économique à mes étudiants et que j'explique à quel point les taxes, les tarifs douaniers, les quotas et tout autre intervention du gouvernement sont des politiques néfastes pour l'économie, je me fais poser toujours la même question: alors pourquoi est-ce qu'ils le font? Je me dois alors de faire la distinction entre un choix qui est optimal du point de vue économique et un autre qu'il l'est du point de vue politique. Malheureusement, les deux sont souvent incompatibles. Les politiciens n'ont qu'un objectif: prendre le pouvoir. Ils vont donc choisir des politiques populaires car ça augmente la probabilité de se faire élire. En soit, ce n'est pas nécessairement négatif. Le politicien qui a de bonnes idées doit dans un premier temps accéder au pouvoir; La fin justifie les moyens. Mais à force de dire toutes sortes de faussetés, les citoyens risquent de ne plus savoir qui ou quoi croire.

Cette réflexion vient en réponse au débat qui a pris place dans le milieu politique entre Stephen Harper et Stéphane Dion. Dans son nouveau projet, le chef du Parti Libéral du Canada propose de taxer les pollueurs et de redistribuer les recettes aux personnes à faibles revenus (voir un article et un autre). Évidemment, la population voit ça comme une taxe de plus. Il est donc peu surprenant de voir que le projet ne fait pas l'unanimité (voir article). Je ne veux pas essayer de commenter le choix stratégique de Stéphane Dion de proposer de telles mesures mais plutôt la réponse cinglante de Stephen Harper (voir article). "Un plan de fou", selon le premier ministre. Mais où est passée la logique économique de notre très honorable économiste?

La taxe proposée par M. Dion est ce qu'on appelle une taxe pigouvienne. Cette taxe a pour objectif de rediriger le coût social de la pollution vers les pollueurs. De cette façon, si le niveau de taxation est adéquatement choisie, la pollution est réduite à un niveau optimal. De plus, c'est la méthode la moins coûteuse pour atteindre cet objectif. En effet, ceux pour qui le coût de réduire la pollution est élevé vont choisir de payer la taxe alors que les autres vont choisir des alternatives moins polluantes. Par conséquent, si nous croyons que les gaz à effet de serre (GES) représentent un danger réel pour la société, ce sur quoi je ne me prononce pas n'étant pas un spécialiste, alors la proposition de M. Dion a les appuis de la théorie économique. Alors pourquoi M. Harper parle d'un plan de fou? Soit qu'il a obtenu son diplôme d'économiste dans une boîte de Cracker Jack ou que des enjeux politiques le pousse à renier ses racines. J'opte pour la deuxième explication.

Même si une idée est bonne, jamais un politicien va oser l'appuyer si elle est proposée par un adversaire. Si en plus, cette idée déplaît aux électeurs, la stratégie qui est politiquement optimale est de détruire cette idée par tous les moyens. C'est exactement ce que M. Harper fait avec le plan vert de M. Dion par ses déclarations dans les médias et les nouvelles publicités qu'on peut voir un peu partout. La seule raison qui pourrait pousser un économiste à renoncer à une taxe sur le carbone serait de nier les coûts associés aux GES. C'est une possibilité selon certains scientifiques, mais ce n'est pas la raison donnée par le premier ministre. Ce n'est qu'une bataille d'opinion publique. Voilà ce à quoi on est confronté lorsqu'il s'agit de politique. Dion nous propose la seule taxe qui est justifiable économiquement. De plus, il propose de réduire l'impôt sur le revenu et les profits, qui n'est rien d'autre qu'une façon de punir le succès. Ses idées sont bonnes. Il lui reste la lourde tâche de convaincre les électeurs. Malheureusement, si M. Harper gagne le débat, l'idée de M. Dion risque de devenir politiquement une stratégie à éviter jusqu'à ce qu'un autre politicien la ressorte des archives.

Cet exemple m'a rappelé le débat sur la dette publique durant la campagne électorale de 1993. J'étais alors étudiant à l'université Queen's à Kingston. Je suivais la campagne de près car il y avait de bons échanges entre les candidats sur l'enjeu des finances publiques. La dette publique canadienne représentait alors 68,4% du PIB. La situation financière du Canada était sur le bord de la crise selon certains analystes si le gouvernement ne réduisait pas rapidement son déficit. Les deux candidats en faveur de l'élimination rapide du déficit étaient Kim Campbell du Parti Progressiste-Conservateur du Canada (PC) et Preston Manning du Parti Réformiste du Canada. Le deuxième était le plus radical avec sa proposition d'éliminer le déficit en trois ans. De l'autre côté, Jean Chrétien du Parti Libéral du Canada disait que la proposition des deux autres candidats serait catastrophique pour le Canada. Il n'était pas économiste mais pouvait lire comme tout le monde les analyses des spécialistes. Il a choisi une position que ses conseillers considéraient comme étant une stratégie gagnante ce qu'il lui a permis de remporter les élections (voir les détails). Heureusement, M. Chrétien a adopté le plan de ses adversaires et a éliminé le déficit à la fin de ce même mandat (1998). Dans ce cas, la fin a justifié les moyens. Mais quel gaspillage de salive!!

dimanche 15 juin 2008

Cartel de l'essence

Enfin une attaque contre les méchantes pétrolières. Il faut dire que c'est agréable de pouvoir taper sur la tête de quelqu'un pour nous défouler de cette hausse rapide du prix de l'essence qui nous fait tant rager. Depuis le temps qu'on en parle, voilà que des commerçants sont accusés de fixation des prix de l'essence dans certaines régions du Québec (voir un article parmi tant d'autres). Cette pratique est à proscrire car elle réduit la concurrence et par le fait même l'efficacité économique. La théorie économie est claire à ce sujet. Je suis donc heureux de voir que le gouvernement surveille et condamne les coupables de tels actes. Par contre, ne tapez pas top fort. La forte hausse de la dernière année, ici et partout ailleurs dans le monde, n'a pas été causée par ce petit groupe. Victoriaville a beau avoir inventé la poutine, ça ne la rend pas apte à contrôler les prix mondiaux.

Parmi tous les reportages qui ont couvert cet événement, je préfère celui de l'auteur de l'enquête, le bureau de la concurrence, qui nous trace par la même occasion un portrait détaillé de l'industrie de l'essence. Comme il est dit, cette industrie est particulière: il y a beaucoup de joueur, ils affichent tous leurs prix et en plus, ils offrent tous un produit homogène. Autrement dit, de l'essence c'est de l'essence. Il en résulte que de façon naturelle, sans que les commerçants se consultent, les prix se suivent. C'est surtout à cause de ce phénomène que beaucoup pensent qu'il y a collusion. Au contraire, c'est le signe d'une forte concurrence. Les prix montent durant la période estivale parce que la demande est plus forte. Et contrairement à ce qui se passerait en présence d'un cartel, ils redescendent en hiver.

Le cas qui nous intéresse est particulier. Il s'agit d'un regroupement de quelques commerçants isolés de la compétition. Il peuvent donc facilement s'entendre sur une politique de prix. En général ce type d'ententes ne dure pas. La raison est simple. Si par exemple, ils décident de tous hausser leurs prix de 3 cents, ils gardent leur part de marché respective et augmentent leurs profits. Mais imaginez la tentation que peut avoir chaque commerçant de réduire ses prix d'un cent pour attirer la clientèle de leurs concurrents. Aussitôt que ça se produit, il y a perte de confiance, ce qui met fin au cartel. Dans une petite région où tout le monde se connaît, il peut être coûteux pour un commerçant de briser l'entente. Mais dans une grande ville c'est autre chose. C'est peu probable que des cartels comme ça existe.

Il faut remarquer pour terminer que le gouvernement est très mal placé pour accuser les entreprises de collusion et de tout autre comportement anticoncurrentiel. Regardez l'industrie laitière, par exemple (voir mon article). Le gouvernement par ses politiques de protection des agriculteurs, est responsable d'une fixation du prix du lait qui a contribué à faire en sorte qu'on est la région de l'Amérique du Nord dans laquelle le prix du lait est le plus élevé. Qu'est-ce qui est mieux? Payer un ou deux cents de litre de plus pour de l'essence ou payer plus cher notre lait? Demandez à une mère monoparentale avec plusieurs enfants ce qu'elle en pense.

mercredi 11 juin 2008

Subventionner les traitements de fertilité

Est-ce que Julie Snyder est économiste dans l'âme? Je ne pourrais répondre à ça. Mais sa croisade pour la gratuité des traitements offerts par les cliniques de fertilité peut être justifiable économiquement (voir article). Vous allez dire: "Il est tombé sur la tête! Un économiste en faveur d'une intervention de l'état! Ça n'a aucun sens!". C'est pour cette raison que j'ai choisi de parler de ce sujet. La théorie n'est pas toujours catégorique à ce sujet. En effet, dans certains cas, le marché n'est pas un système d'allocation optimal. Il l'est lorsque les individus qui posent des gestes tiennent compte de tous les coûts et bénéfices engendrés. S'il y a des bénéfices ou des coûts externes, une personne laissée à elle-même peut prendre une décision qui va à l'encontre de ce qui est socialement optimal.

La pollution est un exemple de coût externe. Une entreprise qui pollue, engendre un coût social externe qu'elle n'intègre pas dans ses coûts d'opération. Elle va donc choisir de produire plus que ce qui est socialement optimal. Un autre exemple est l'éducation. Un individu choisit de poursuivre des études si le bénéfice qu'il retire dépasse le coût. Par contre, il ne considère pas le bénéfice engendré pour la société. Le marché va donc produire trop peu de diplômés par rapport à ce qui est socialement optimal.

Lorsqu'on met un enfant au monde, nous, les parents, ne sommes pas les seuls à bénéficier de sa présence. Plus il y a d'enfants, plus grande est la probabilité d'avoir des génies qui vont contribuer à améliorer notre qualité de vie par des percées en médecine ou par tout autre innovation importante. Les parents qui dépensent de l'argent pour régler leur problème de fertilité ne considèrent par ces bénéfices pour la société. S'il n'y a pas d'intervention, trop peu sera dépensé pour ce service. Si le bénéfice externe est réel, alors il faut subventionner ce service par une gratuité totale ou partielle.

Je me demande si c'est vraiment la raison qui a poussé Mme Snyder à mener ce combat.

jeudi 5 juin 2008

Nuisance publique, épisode 1: l'agriculture

Dans ce premier épisode, nous alors essayer de comprendre l'impact des politiques agricoles de nos gouvernements sur notre économie et le reste du monde. L'idée m'est venue du cahier spécial de La Presse du 5 juin qui traçait un portrait assez détaillé de notre industrie agricole. On pouvait voir toutes sortes de politiques visant à protéger les producteurs. Ce type de protectionnisme n'est pas le propre du Canada. Il existe à différents niveaux dans tous les pays industrialisés. Pendant que ces mêmes pays adhèrent au mouvement de libéralisation des échanges pour ce qui est des autres produits, ils semblent tous resserrer l'étau pour les produits agricoles. Pourquoi? Je ne crois pas pouvoir répondre à cette question en quelques lignes. Ce n'est certainement pas pour le bien-être collectif. La théorie est claire à ce sujet. Ce sont plutôt des enjeux politiques.

J'ai été accroché par une citation du ministre de l'agriculture Barnier. Voici son raisonnement:

Un produit est frais lorsqu'il est produit ici et les québécois veulent des produits frais. Il faut donc agir pour réduire les importations et privilégier la production locale.

Je ne sais pas pour vous mais moi j'aime pas qu'on décide à ma place ce que je veux consommer. Dans une économie de marché, le désire des consommateurs est satisfait sans interventions extérieures. S'il est vrai qu'on préfère les produits québécois, la demande va augmenter. Ce comportement va faire augmenter les prix des produits et par le fait même la rentabilité de nos producteurs. Si on a besoin d'intervenir, c'est que le ministre se trompe. Encore des enjeux politiques!

Pour illustrer la situation de notre industrie voici par exemple comment fonctionne notre industrie laitière. Les producteurs sont soumis à un quota de lait. Si les deux seuls clients des producteurs en veulent plus, ils doivent s'en passer et s'il y a trop de lait, il est jeté aux ordures. Le prix n'est pas là pour égaliser l'offre et la demande car en plus du quota, il y a une fixation du prix. Cette politique maintient le prix du lait élevé et garantit aux producteurs un revenu acceptable.... après quelques sudventions. Les consommateurs paient des taxes et en plus un prix élevé sur les produits laitiers pour supporter une industrie qui est loin d'être la plus créatrice d'emplois. Et la cerise sur le sundae, on doit augmenter les transferts aux familles pauvres pour qu'ils puissent nourrir leurs enfants convenablement. Une autre cerise, le gouvernement doit investir en recherche car les producteurs n'ont pas d'incitatifs à le faire aux mêmes. Pourquoi être compétitif quand on a un tel support de l'état!

Ce n'est pas tout. Le prix du lait élevé augmente le coût de production des produits transformés, comme le fromage, réduisant ainsi notre compétitivité. Il faut donc imposer des tarifs douaniers pour ces produits venant de l'extérieur. En plus des coûts économiques reliés aux contraintes imposées au marché, la gestion de ces interventions est excessivement coûteuse. La main invisible, elle, ne demande rien et est plus efficace.

Pourquoi devrions-nous aider nos agriculteurs davantage que nos mécaniciens, nos menuisiers ou nos couturiers? S'il est préférable de laisser les autres cultiver à notre place, pourquoi s'entêter à le faire nous-même? La protection excessive de notre industrie est en partie responsable des problèmes de développement des pays pauvres et donc de la mort de milliers d'individus. Si au moins c'était bénéfique pour nous. C'est une politique qui ne fait que des perdants. On va réduire la pauvreté de façon significative que si on élimine les contraintes au commerce pour tous les biens sans exception, mais surtout ceux produits dans les pays en développement. Une troisième cerise? D'un côté, on nuit à leur commerce et de l'autre on leur verse de l'aide financière. On est vraiment comme un chien qui court après sa queue.

Ce problème est mondial et non seulement canadien. Encore les foutus enjeux politiques!

mercredi 4 juin 2008

Le pouvoir des prix

Adam Smith (1723-1790), considéré comme le père de l'économie moderne, serait heureux de voir à quel point sa main invisible fait du bon boulot. Cette main dont il fait mention est la force qui contrôle les prix et qui assure une allocation optimale des ressources dans une économie de marché (sans intervention gouvernementale). Ce n'est pas, comme disent certains, une invention des économistes qui nous force à suivre les lois du marché. C'est un mécanisme naturel qui a toujours existé et qui contrôle les échanges. Il influence non seulement les humains mais tous les êtres vivants qui ont soit des besoins à combler ou des choses à offrir. Lorsqu'une chose est rare, sa valeur (ou son prix) augmente. Lorsque ça se produit, on réduit notre consommation de cette chose ou on se tourne vers des alternatives. Les animaux le font naturellement lorsqu'ils se nourrissent. Par exemple, le lion va poursuivre les troupeaux les plus populeux car le prix à payer est plus faible. Ça va permettre à la population des autres troupeaux de croître. De cette façon les ressources sont utilisées de façon optimale. Le prix exprimé en dollars ne fait qu'associer un chiffre à cette valeur. Les humains réagissent de la même façon mais ont un avantage que les animaux n'ont pas: ils peuvent inventer des alternatives par la recherche de nouvelles technologies.

Si on regarde les bouleversements que créent la hausse du prix de l'essence, on voit à quel point le mécanisme fonctionne bien. Les nouvelles de ce matin et des derniers jours en témoignent. Premièrement, la réaction des consommateurs qui se tournent vers les voitures moins énergivores comme le démontre la décision de GM de fermer 4 usines d'utilitaires sports (article "Bye-Bye Hummer", La Presse). Deuxièmement, les entreprises investissent de plus en plus en recherche pour l'amélioration des voitures. Il y a même des inventeurs dans leur garage qui modifient les voitures pour qu'ils roulent à l'électricité. En d'autres mots, la main invisible par la hausse du prix de l'essence nous fait réagir comme par magie pour nous amener à réduire notre besoin en pétrole. Si le prix continue à augmenter, on va assister à la disparition graduelle des voitures à combustion. Encore mieux que ça, le prix va permettre cette disparition avant même qu'on épuise nos réserves en pétrole. Comme Scotty (ingénieur de l'Enterprise dans Star Trek) rit du fait qu'on utilise l'énergie atomique au vingtième siècle, on va un jour rire du fait qu'on utilisait ce liquide noir et visqueux pour faire fonctionner nos voitures.

Le documentaire "Qui a tué la voiture électrique?" nous dit que les lobbies pétroliers sont responsables de l'abandon du projet de voitures électriques par GM. Supposons que c'est la vérité. La seule raison pourquoi ils ont pu le faire vient du fait que la production de ce type de voiture n'était pas suffisamment rentable. Je doute qu'ils puissent en faire autant aujourd'hui. En fait, la réponse à la question est simple. C'est le faible prix de l'essence qui a tué la voiture électrique.



Mais vous pouvez toujours croire ceux qui pensent qu'il y a une limite à la croissance technologique. Voici un des sites parlant de décroissance . Comme il est dit sur le site, seulement les fous et les économistes ont foi en la croissance. Heureusement que je suis économiste.

jeudi 29 mai 2008

La fraude des banques selon le prof Lauzon

Ah ce cher Léopold Lauzon!
Un comptable hors pair selon certains. C'est probablement vrai. Je peux difficilement dire le contraire car la comptabilité n'est pas ma spécialité. Alors je ne vais pas contester les résultats de sa dernière étude sur les évasions fiscales des grandes banques (voir article). Le problème est lorsqu'il se met à parler d'économie. C'est comme si je me mettais à parler de l'effet des OGM sur la santé. Il n'a aucune expertise en économie. On le remarque facilement en l'écoutant. Toutes les entreprises cherchent par tous les moyens à payer le moins d'impôt possible. Est-ce une bonne chose? En fait, c'est une mauvaise chose pour les coffres de l'état mais pas nécessairement pour l'efficacité économique. En fait, elles ne sont pas les seules à fuire l'impôt. On l'a tous fait une fois dans notre vie: cigarettes indiennes, travail au noir, biens importés non déclarés, etc. . Ce méchanisme est surtout une réaction naturelle qui met un frein aux taxes excessives du gouvernement.

Un excellent article à ce sujet est paru il y a un an. Je vous le conseille fortement. Il a été écrit par Serge Rouleau du magazine nagg.
L’ÉVASION FISCALE EST-ELLE MORALE?

Une dernière chose. Il faut arrêter de parler des banques ou des multinationales comme s'il s'agissait de monstres. Ce sont des entreprises publiques dont les actionnaires sont nous tous à travers nos placements et fonds de pensions. S'ils augmentent leurs profits, les dividendes versées aux actionnaires augmentent. De plus, les divendes sont imposables.

Au moins il nous donne des sujets de conversation ce Prof Lauzon.

mardi 27 mai 2008

Leçon de coûts

On accuse souvent les économistes de toujours parler en terme de coûts et mettre de côté l'aspect humain lorsqu'ils analysent des situations. Je dois avouer que ce n'est pas totalement faux. Mais il y a une bonne raison à ça. Nos émotions ont tendance à nous aveugler beaucoup plus qu'à nous aider. Le meilleur exemple est la cas du travail des enfants dans les pays sous-développés. Notre coeur nous dit qu'il faut empêcher ça à tout prix. En fait, c'est plutôt notre coeur d'individu habitant un pays industrialisé qui parle. Le discours n'est pas le même lorsqu'on parle aux habitants de pays en développement. Ils vous diront que le travail des enfants est nécessaire pour survivre comme c'était le cas dans notre pays il y a plusieurs décennies . Alors si on écoute notre coeur et arrêtons d'acheter des chandails fabriqués en Inde par des enfants, nous mettons en danger leur vie. De plus, certains vont devoir retourner dans la rue et se prostituer pour permettre à leur famille de survivre. Le problème est la pauvreté et non le travail des enfants.

Dans La Presse du 25 mai, le biologiste et explorateur Jean lemire (voir l'article ici), parle de la nécessité de modifier notre comportement dans le but de combattre les changements climatiques. Il nous dit que les coûts sont souvent utilisés pour justifier l'innaction des gouvernements. Après nous avoir donner un cours sur la vrai façon de mesurer les coûts, il conclut en disant que les économistes doivent apprendre à intégrer l'éthique dans leurs modèles lorsqu'ils calculent les coûts. Selon lui, on ne considère pas la valeur des vies perdues à cause des changements climatiques dans les pays pauvres. On attribue moins de valeur aux enfants dans ces pays qu'à ceux dans nos pays.

Je dois lui répondre que s'il y a un spécialiste qui tient compte de tous les coûts et ce indépendamment des frontières, c'est bien l'économiste. Lorsqu'on dit que la mondialisation est nécessaire, ce n'est pas que pour notre pays. En fait, c'est pour l'économie mondiale. On dit que c'est à travers la mondialisation qu'on va réussir à réduire la pauvreté dans le monde. Il faut la promouvoir même si ça implique des mises à pied temporaires dans nos pays. On dit haut et fort qu'on devrait abolir les subventions agricoles même si ça signifie la destruction de notre industrie. On doit passer à autres choses et laisser les pays en développement cultiver à notre place. Cette action va sauver des vies dans les pays pauvres et leurs permettre de s'enrichir. On n'a peut-être pas de variables d'éthique dans nos modèles mais nos solutions sont beaucoup plus humaines que celles proposées par les environnementalistes.

En effet, ils sont contre la mondialisation même si ça sauve des vies parce que ça augmente les besoins en transport et par conséquent les émissions de CO2. Ce coût, les économistes en tiennent compte. Ils demandent à des pays pauvres d'utiliser des énergies propres pour sauver des ours polaires même si le coût de ces énergies est prohibitif pour eux. Si vous étudiez attentivement les études sérieuses effectuées par des économistes, il y a beaucoup d'effort qui est mis à considérer tous les coûts.

Avec tous ces coûts, on en oublie les bénéfices. Ils sont aussi importants. Les grands pays pollueurs n'ont pas que contribué à réchauffer la planète. Ils ont augmenter la productivité agricole, permis l'augmentation de l'esprance de vie dans le monde entier, permis de découvrir avec les OGM des facons de cultiver en pleine sécheresse et beaucoup plus. Est-ce que les coûts sont vraiment supérieurs aux bénéfices? Pas facile à répondre n'est-ce pas?

D'autres questions importantes: À qui va servir le ralentissement du réchauffement climatique? Aux générations futures? Avec la croissance économique, ne seront-ils pas beaucoup plus riches que nous? Par conséquent, le fait de combattre maintenant le réchauffement climatique ne correspond-il pas à un transfert des pauvres vers les riches?

Bonne réflexion!